dimanche 3 juillet 2011

L'inceste, fléau de Santè Public

 Thierry NUSS 

Chef du point rencontre à l'Association 
"Le Goéland" de Saint-Malo



Marine a dénoncé son oncle maternel d'abus sexuels, depuis elle est privée de son père et de sa famille paternelle

"L'inceste reste le tabou des tabous; "

C'est un véritable fléau sanitaire".


"Si un médecin ne fait un signalement à la justice que quand il y a délabrement du périnée,

alors il ne va pas en signaler souvent", lance le Dr Vila.



01/07 | 17:49

L'inceste, fléau de l'ombre, avec deux millions d'adultes victimes

© AFP - Philipp Guelland
© AFP - Philipp Guelland
Près de deux millions d'adultes ont été victimes d'inceste dans leur enfance, un nombre infiniment supérieur aux cas sur mineurs déclarés, s'alarme la Haute autorité de santé (HAS) qui publie jeudi des recommandations aux médecins pour mieux dépister ce fléau "gravement occulté".
"L'inceste reste le tabou des tabous. Il y a un vrai gouffre entre les 3% de personnes touchées et les violences sexuelles déclarées - au maximum de 15.000 nouveaux cas par an, dont environ deux-tiers d'incestes, soit environ 10.000 ", relève le Dr Cédric Grouchka, de l'HAS.
"On peut estimer", dit-il à l'AFP, qu'il s'en produit "300 par jour". "C'est un véritable fléau sanitaire".
L'inceste a des conséquences dévastatrices, souligne Isabelle Aubry, victime d'inceste et présidente-fondatrice de l'association de victimes AIVI (aivi.org).
Les victimes sont plus déprimées et ont des rapports aux autres plus difficiles que le reste de la population, sans compter l'impact négatif sur leur vie sexuelle. 98% se sentent ou se sont senties régulièrement déprimées, selon un sondage Ipsos réalisé l'an dernier.
En parler est difficile : "c'est une voisine qui m'a fait cracher le morceau", dit-elle. "Pour protéger nos enfants, il faut en parler, prononcer le mot inceste, maintenant c'est plus facile parce que c'est dans le code pénal" depuis 2010.
"Il y a dix fois plus de troubles des comportements alimentaires, deux fois plus de dépendances à l'alcool, six fois plus de pulsions suicidaires et bien plus de dix fois de phobies des autres que dans la population générale", note le Dr Grouchka.
"Les professionnels de santé ont un rôle essentiel pour le repérage et le signalement de ce fléau gravement occulté, qui est grave et pas rare contrairement à ce que l'on pense, ajoute-t-il.
Plus la détection est précoce, plus les thérapies sont efficaces.
"Il faut avoir le réflexe et y penser comme on pense au cancer du poumon quand on voit un patient tousser, sinon on risque de passer à côté", conseille le Dr Gilbert Vila, pédopsychiatre, responsable de centre de victimologie des mineurs.
"fléau de santé publique"
Les signes sont divers (soudain décrochage scolaire, fugue, plaintes répétitives de douleurs inexpliquées, famille fermée...), peu spécifiques et rarement physiques, mais c'est leur convergence qui doit éveiller l'attention.
"Si un médecin ne fait un signalement à la justice que quand il y a délabrement du périnée, alors il ne va pas en signaler souvent", lance le Dr Vila.
"Aujourd'hui on demande au ministre de la Santé de faire son travail, c'est à dire de traiter l'inceste comme un fléau de santé publique, en faisant des recherches, en mettant en place de véritables centres de soins, en formant les professionnels, en formation continue mais aussi initiale et en faisant des campagnes de communication grand public", résume Mme Aubry rappelant que la dernière campagne date de 2002.
Les victimes ont en moyenne 4 à 10 ans.
Il est important d'intervenir rapidement, insiste Thierry Boulouque, chef de la brigade de protection des mineurs (Paris) en évoquant des "incestes à répétition" qui se reportent sur les plus jeunes, quand les premiers ont grandi.
"On a fait un sondage auprès des Français et on leur a demandé si vous êtes devant un enfant victime d'inceste et qui vous demande de garder le secret, que faîtes-vous. Eh bien, 60% des Français ne disent rien, ne font rien et attendent des preuves et seulement 30 % font ce qu'il doivent faire, c'est à dire prévenir les autorités", ajoute Isabelle Aubry.
"Pour que cela s'arrête", l'HAS va diffuser à tous les médecins généralistes, de PMI et scolaires, ses recommandations déjà disponibles en ligne (www.has-sante.fr.).
Par Brigitte CASTELNAU
 

L’inceste sur mineur serait gravement sous-déclaré

Vidéo
grouchka mini

Pourquoi la HAS a-t-elle travaillé sur le repérage de l'inceste

par les médecins ?

Dr. Cédric Grouchka - Membre du Collège de la HAS


1 juillet 2011 | Communiqué de Presse

Victimes d’inceste : mieux repérer pour mieux protéger

La Haute Autorité de Santé s’engage avec les professionnels de santé pour lutter

contre ce fléau occulté

Près de 2 millions d’adultes pourraient avoir été victimes d’un inceste pendant leur enfance alors que seulement 15 000 nouveaux cas de violences sexuelles sur mineur sont constatés chaque année. Un nombre considérable d’incestes ne seraient ni repérés ni signalés aux autorités en charge de la protection des victimes. Saisie par le Ministère chargé de la Santé, la Haute Autorité de Santé publie aujourd’hui des recommandations pour informer les professionnels de santé sur le repérage des victimes et les guider dans leurs démarches de signalement à la justice.

Un phénomène occulté par la société
L’inceste sur mineur serait gravement sous-déclaré. 90% des incestes ne seraient pas signalés à la justice. La gravité des séquelles sur la santé physique (troubles du comportement alimentaire, addictions…), sur le développement psychique (dépression, pulsions suicidaires…) et sur la vie sociale des victimes (peur des autres…) fait de l’inceste un enjeu sanitaire et sociétal majeur.
Les professionnels de santé doivent jouer un rôle essentiel dans le repérage
Les professionnels de santé et plus particulièrement les médecins, où qu’ils exercent, sont particulièrement à même de reconnaître les situations à risque et les signes évocateurs d’inceste. Or, une certaine méconnaissance des signes d’appel et des procédures de signalement, l’isolement professionnel et la crainte de poursuites judiciaires (pour dénonciation calomnieuse notamment) peuvent constituer des freins au signalement.
Des repères et des outils pratiques pour mettre en œuvre la protection du mineur
Afin d’informer les médecins et de les rassurer sur cette démarche, la Haute Autorité de Santé publie des recommandations professionnelles élaborées par un groupe de travail composé de professionnels de santé et de représentants de victimes, mais aussi d’acteurs de la justice et de la police spécialisés dans la protection des mineurs. Il s’agit d’un ensemble de repères pratiques pour guider les médecins dans leurs démarches de repérage des cas d’inceste et sécuriser l’acte de signalement en précisant notamment les règles de rédaction du formulaire de signalement* destiné à alerter les autorités.
Ainsi, ce document propose aux professionnels de santé des réponses sur :
  • les situations à risque et les circonstances de repérage ;
  • la conduite de l’examen médical physique et psychique ;
  • la procédure de signalement ;
  • les numéros utiles ;
  • les situations d’urgence.
* Formulaire de signalement disponible en ligne sur le site du Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) et sur le site de la HAS.
Dr. Cédric Grouchka - Membre du Collège de la HAS
1) Pourquoi la HAS a-t-elle travaillé sur le repérage de l'inceste par les médecins ?
2) Que recommande la HAS sur le repérage de l'inceste ?

Service de presse HAS

Florence Gaudin - Chef de service
Claire Syndique - Attachée de presse
Audrey Salfati - Attachée de presse
Tél : 01 55 93 73 18 / 73 17

Dernière mise à jour de cette page le 02/07/2011

 


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